Traduction de quelques versets de la sourate 12 du Coran
36. Deux valets entrèrent avec lui en prison. L'un d'eux dit : "Je me voyais [en rêve] pressant du raisin..." Et l'autre dit : "Et moi, je me voyais portant sur ma tête du pain dont les oiseaux mangeaient. Apprends-nous l'interprétation (de nos rêves), nous te voyons au nombre des bienfaisants".
37. "La nourriture qui vous est attribuée ne vous parviendra point, dit-il, que je ne vous aie avisés de son interprétation (de votre nourriture) avant qu'elle ne vous arrive. Cela fait partie de ce que mon Seigneur m'a enseigné. Certes, j'ai abandonné la religion d'un peuple qui ne croit pas en Allah et qui nie la vie future.
38. Et j'ai suivi la religion de mes ancêtres, Abraham, Isaac et Jacob. Il ne nous convient pas d'associer à Allah quoi que ce soit. Ceci est une grâce d'Allah sur nous et sur tout le monde; mais la plupart des gens ne sont pas reconnaissants. 39. Ô mes deux compagnons de prison! Qui est le meilleur : des Seigneurs éparpillés ou Allah, l'Unique, le Dominateur suprême?
40. Vous n'adorez, en dehors de Lui, que des noms que vous avez inventés, vous et vos ancêtres, et à l'appui desquels Allah n'a fait descendre aucune preuve. Le pouvoir n'appartient qu'Allah. Il vous a commandé de n'adorer que Lui. Telle est la religion droite; mais la plupart des gens ne savent pas.
41. Ô mes deux compagnons de prison! L'un de vous donnera du vin à boire à son maître; quant à l'autre, il sera crucifié, et les oiseaux mangeront de sa tête. L'affaire sur laquelle vous me consultez est déjà décidée."
42. Et il dit à celui des deux dont il pensait qu'il serait délivré : "Parle de moi auprès de ton maître" . Mais le Diable fit qu'il oublia de rappeler (le cas de Joseph) à son maître. Joseph resta donc en prison quelques années.
43. Et le roi dit : "Et vérité, je voyais (en rêve) sept vaches grasses mangées par sept maigres; et sept épis verts, et autant d'autres, secs. Ô conseil de notables, donnez-moi une explication de ma vision, si vous savez interpréter le rêve".
44. Ils dirent : "C'est un amas de rêves! Et nous ne savons pas interpréter les rêves! "
45. Or, celui des deux qui avait été délivré et qui, après quelque temps se rappela, dit : "Je vous en donnerai l'interprétation. Envoyez-moi donc".
Commentaire :
Joseph se retrouve en prison avec deux compagnons de cellule qui le sollicitent pour l’interprétation de leurs rêves. Après avoir insisté sur le Sens de la vie, Joseph accepte de les aider à comprendre leurs songes. Il annonce à l’un une vie dans la cour du roi et à l’autre la peine de mort par crucification. Joseph demanda alors « au plus chanceux » des deux de parler de son cas auprès du roi. Mais le prisonnier n’allait se rappeler de Joseph que quelques années plus tard lorsque le roi demanda l’interprétation d’un rêve…
La première observation que nous pouvons faire dans ces versets c’est la quête « du sens » qui anime tant les prisonniers que le roi. Comprendre un rêve c’est en quelques sortes essayer de redonner du sens à sa vie. Ce besoin a toujours existé chez l’humain.
Mais Joseph, avant d’expliquer le « sens des visons » décide de parler du « Sens de la vie ». Ainsi avant de montrer ces dons, Joseph proclame en toute humilité à ses compagnons de cellule que le véritable pouvoir sur toute chose n’appartient qu’à la Transcendance.Quel bel exemple à suivre ! Combien de gens, en effet, disposent de « dons » et se l’attribuent à eux seuls sans reconnaître l’aide ou le soutient ne seresse que d’un parent, un professeur ou un ami. Joseph montre dans ces versets sa reconnaissance à la « Cause Première ».
Joseph insiste également sur l’importance de faire appel à un véritable « esprit critique » pour fonder toute croyance. Aussi fustige-il les divinités crées de toute pièce par de nombreuses personnes et qui ne sont mentionnées notamment dans aucun texte spirituel. Joseph oppose à cette croyance sa « filiation spirituelle » depuis Abraham jusqu’à son propre père Jacob !
D’autre part, si le « secret des songes » n’a été révélé par Joseph qu’après le rappel du Sens de la vie c’est peut être aussi par « souci pédagogique ». L’interprétation des rêves prévoyait, en effet, la mort d’un des prisonniers. Notons qu’avant de se prononcer sur la réalité des rêves Joseph utilise aussi un ton très fraternel et chaleureux (« ô mes deux compagnons de prisons »). Certaines informations adressées aux humains nécessitent une grande délicatesse et une certaine psychologie.